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L’autisme: une différence, pas un déficit

Pendant longtemps, l’autisme a été décrit comme une série de déficits de communication. Les styles propres aux personnes autistes, comme l’absence de bavardages ou la communication directe, étaient considérés comme des problèmes à corriger. Les malentendus étaient attribués à l’autiste, qui devait apprendre à imiter les codes sociaux des non-autistes.

Aujourd’hui, une nouvelle approche propose une autre vision. L’autisme n’implique pas un manque de compétences, mais des façons différentes de communiquer. Les difficultés apparaissent surtout lorsque des personnes autistes et non autistes interagissent. C’est ce que décrit le concept de “double empathie” de Damian Milton : les incompréhensions naissent des deux côtés, car chaque neurotype peine à saisir la perspective de l’autre.

Par exemple, beaucoup d’autistes trouvent le bavardage inutile, tandis que les non-autistes perçoivent ce refus comme de la froideur. Chacun interprète la situation selon son propre cadre, et chacun repart avec un sentiment d’incompréhension. La recherche montre pourtant que les personnes autistes communiquent très bien entre elles, tout comme les non-autistes. Les problèmes surgissent uniquement dans les groupes mixtes.

Les interactions inter-neurotypes

Les études démontrent que les groupes mixtes connaissent davantage de ruptures de communication que les groupes homogènes. Cela montre que la communication autistique n’est pas déficiente, mais contextuelle, comme les différences interculturelles.

Une comparaison interculturelle

Comme dans les interactions entre cultures différentes, chaque neurotype possède ses propres règles implicites. Ce qui semble poli pour l’un peut sembler étrange pour l’autre. Reconnaître cette diversité permet de ne plus qualifier la communication autistique d’“erronée”.

Ce que dit la recherche

Les travaux de Catherine Crompton confirment que les groupes homogènes (autistes entre eux, ou non-autistes entre eux) maintiennent une communication fluide. En revanche, les groupes mixtes perdent rapidement le fil. Fait intéressant : les binômes autistes se disent souvent connectés, et les observateurs évaluent même leur rapport comme plus harmonieux que celui des binômes non-autistes.

Pourquoi c’est important

Passer d’une vision déficitaire à une vision différenciée entraîne plusieurs changements :

  • Les formations aux compétences sociales devraient être présentées comme des outils contextuels, et non comme une réparation.
  • Les styles autistiques — franchise, précision, passion pour un sujet — doivent être valorisés comme des formes authentiques de connexion.
  • Les malentendus doivent être vus comme des divergences de styles, pas comme des fautes.

Vers une meilleure compréhension

Reconnaître que les difficultés viennent des différences de styles et non de défauts ouvre la voie à plus d’empathie. Les autistes peuvent apprendre les codes sociaux non autistiques pour des raisons pratiques, mais ceux-ci doivent être présentés comme des alternatives, pas comme une norme absolue. De leur côté, les non-autistes peuvent apprendre à mieux comprendre les styles autistiques afin de créer des ponts de compréhension mutuelle.

Considérer l’autisme comme une différence et non comme un déficit permet d’avancer vers des relations humaines plus justes et inclusives.