Une découverte génétique pourrait transformer le traitement de la dépression

Un médicament autrefois considéré comme un échec pourrait en réalité aider certaines personnes, grâce à la génétique. Des chercheurs ont découvert que des patients souffrant de dépression résistante au traitement (DRT) réagissent favorablement à la liafensine, un antidépresseur développé pour les cas les plus difficiles. Cette avancée ouvre la voie à une psychiatrie personnalisée, où le traitement dépend du profil génétique de chaque individu.
L’importance de la découverte
Près de 30 % des personnes dépressives ne répondent pas aux traitements classiques. Ces cas, qualifiés de résistants, nécessitent de nouvelles approches. La liafensine agit sur trois neurotransmetteurs — sérotonine, noradrénaline et dopamine — pour rétablir l’équilibre chimique du cerveau. Pourtant, lors de deux essais cliniques majeurs, le médicament n’a pas surpassé le placebo. Les chercheurs ont alors cherché à comprendre pourquoi certains participants semblaient tout de même s’améliorer.
Le rôle du gène ANK3
L’analyse génétique a révélé une variation du gène ANK3, présente chez environ 20 % des patients DRT, liée à une meilleure réponse à la liafensine. Ce gène intervient dans la régulation des signaux électriques des neurones et a déjà été associé à la dépression et au trouble bipolaire. Fait remarquable : ce marqueur ne semble pas influencer la réponse à d’autres antidépresseurs, mais uniquement à la liafensine.
Une nouvelle étude clinique ciblée
Pour confirmer cette hypothèse, une étude de 189 participants porteurs du marqueur ANK3 a été menée aux États-Unis, au Canada et en Chine. Tous souffraient de dépression depuis en moyenne huit ans et avaient échoué à plusieurs traitements. Les participants ont reçu 1 mg ou 2 mg de liafensine ou un placebo pendant six semaines. Les progrès, évalués avec l’échelle MADRS, ont montré une amélioration significative dès la première semaine, qui s’est poursuivie ensuite. Les deux doses ont offert une efficacité comparable, et le médicament a été bien toléré.
Vers une psychiatrie de précision
Ces résultats marquent une avancée majeure vers une médecine de précision en santé mentale. Comme en oncologie, où certains traitements ne fonctionnent que pour des profils génétiques spécifiques, la psychiatrie pourrait bientôt proposer des thérapies adaptées à la biologie de chaque patient. Si les résultats se confirment, ils pourraient révolutionner la façon dont les antidépresseurs sont prescrits. L’histoire de la liafensine rappelle que dans la recherche scientifique, un échec apparent peut cacher une découverte déterminante.