Le traumatisme médical et les racines cachées des troubles alimentaires

Des affections comme les migraines, le syndrome du côlon irritable ou le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ne sont pas seulement des maladies physiques. Pour beaucoup, elles marquent le début d’une relation brisée avec le système de santé — une relation faite de doutes, de jugements et d’années sans réponses. Ces expériences de déni et de mauvaise prise en charge laissent des cicatrices émotionnelles profondes, influençant la manière dont on perçoit son corps et, parfois, son rapport à la nourriture.
Traumatisme médical
Le traumatisme médical apparaît lorsque les soins de santé engendrent un sentiment durable de peur, de honte ou d’impuissance. Il peut résulter d’un acte invasif, mais aussi d’années d’invalidation par des professionnels minimisant les symptômes. Les femmes et les personnes issues des minorités en sont particulièrement victimes, leur douleur étant souvent mise en doute. Cela mine la confiance dans son corps et dans le système médical lui-même.
Chez de nombreuses personnes souffrant de troubles alimentaires, cette dynamique est évidente. Quand la médecine échoue à apaiser la douleur, la nourriture devient un refuge. Restreindre son alimentation, jeûner ou manger « sain » procure une illusion de contrôle. Ces comportements, parfois recommandés au départ, se transforment ensuite en rituels rigides reflétant la vigilance du traumatisme.
Les études confirment ce lien : le traumatisme médical est associé à l’anxiété, la méfiance corporelle et le perfectionnisme, caractéristiques des conduites alimentaires restrictives. Certaines personnes deviennent hypersensibles à leurs sensations internes, d’autres s’en détachent complètement pour échapper à la souffrance. Ces deux réactions brouillent les signaux de faim ou de satiété, ouvrant la voie aux troubles alimentaires.
Sur le plan biologique, le stress active les systèmes de défense du corps, augmente le cortisol et dérègle la digestion, l’appétit et les hormones, entretenant ainsi un cercle vicieux de douleur et de contrôle.
Guérison
La guérison commence par la reconnaissance du traumatisme. Nommer l’expérience permet de comprendre le trouble alimentaire comme une tentative de retrouver un sentiment de sécurité dans un corps trahi par la médecine.
Reconstruire la confiance — envers soi et envers les soignants — devient alors essentiel.
Les cliniciens peuvent aider en posant des questions ouvertes, en validant les peurs et en pratiquant une approche sensible au traumatisme, fondée sur l’empathie, la transparence et la prévisibilité. C’est ainsi que les soins peuvent redevenir réparateurs et aider à restaurer la sécurité intérieure.