Le narcissisme social : quand la communication devient exploitation

Le moi caché dans la conversation
Dans son roman Dis-moi tout (2024), Elizabeth Strout explore la psychologie des relations humaines. Chacun de nous possède une manière unique de s’exprimer, d’écouter et de partager son histoire. Ces habitudes façonnent nos liens et résistent souvent au changement.
Le personnage de Margaret, une pasteure accomplie, semble parfaite, mais elle se montre centrée sur elle-même. Elle parle beaucoup, écoute peu, et son mari Bob ressent ce déséquilibre affectif.
Un certain égocentrisme est naturel, mais quand les autres deviennent de simples réceptacles émotionnels, la communication se transforme en exploitation. Les relations fondées sur ce déséquilibre finissent par générer frustration et solitude.
Qu’est-ce que le narcissisme ?
Selon le DSM-5, le trouble de la personnalité narcissique se caractérise par un sentiment exagéré d’importance, des fantasmes de réussite et un besoin constant d’admiration.
Les narcissiques se croient exceptionnels, incompris des autres, et manquent souvent d’empathie.
Les psychologues voient cela comme une forme d’individualisme défensif — un moi fragile caché sous une façade de confiance.
Les relations narcissiques
Beaucoup d’entre nous pratiquent un narcissisme social, en recherchant des relations qui nourrissent notre besoin d’attention.
Même sans pouvoir, ces dynamiques se reproduisent : patrons et employés, parents et enfants, amis entre eux. Le rôle d’écoute devient un fardeau silencieux, tandis que le narcissique cherche uniquement validation et reconnaissance.
Ainsi, la relation perd son équilibre : l’échange devient monologue.
Répondre au narcissisme
Le critique culturel Christopher Lasch affirmait que notre époque souffre d’un narcissisme collectif. En l’absence de repères communautaires solides, chacun cherche à exister à travers le regard d’autrui.
La communication narcissique n’est pas toujours violente — elle exprime souvent : « Dis-moi que je compte. »
Rompre ce schéma exige de l’attention : écouter les réactions de l’autre, poser des questions, créer une vraie réciprocité.
Une conversation authentique n’est pas un miroir — c’est une fenêtre ouverte sur l’autre.